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napoléon iii ; l’europe nouvelle

volonté des autres puissances. La France n’intervint pour finir que très mollement. La Turquie demeura maîtresse de l’île infortunée ; le siècle devait s’achever avant que la liberté lui fut donnée.

En 1867, tandis que l’Exposition universelle attirait à Paris des foules émerveillées, l’affaire du Luxembourg surgit inopinément. Le grand-duché avait cessé de faire partie de la Confédération germanique dissoute après Sadowa et il était demeuré en dehors du nouveau groupement institué sous la direction de la Prusse ; du moins politiquement car économiquement, sa situation n’avait pas changé ; il restait dans le Zollverein. Une garnison prussienne, par une fâcheuse anomalie, continuait aussi d’occuper Luxembourg. Le roi des Pays-bas en sa qualité de grand-duc fut saisi secrètement par Napoléon III d’une proposition de cession à la France. L’empereur espérait par cette acquisition fortifier la frontière française de l’est et en même temps réaliser une sorte de compensation des agrandissements récents de la Prusse. Rien ne s’opposait à une amicale tractation entre la France et la Hollande. L’aventure de 1830 et ses suites n’avaient point laissé de souvenirs amers. Toute l’Europe était d’accord pour considérer qu’en soumettant en 1815 les provinces belges à la domination hollandaise les congressistes de Vienne avaient commis une sottise, sottise fort aggravée par la façon dont le roi Guillaume Ier de Hollande s’était comporté envers les sujets auxquels on imposait son joug. Dès lors la révolution bruxelloise de 1830 apparaissait parfaitement légitime et puisque Guillaume s’était obstiné à vouloir employer la force, l’intervention armée de la France en faveur de l’indépendance de la Belgique n’avait été qu’un acte d’ordre public européen. Aussi bien depuis lors les deux pays avaient progressé en paix, la Hollande sous les gouvernements de Guillaume II (1840-1849) et de Guillaume III ; la Belgique sous ceux de Léopold Ier (1831-1865) et de Léopold II. Le sort du petit pays luxembourgeois qu’une simple union personnelle passagère (les lois de succession n’étant pas les mêmes) rattachait à la Hollande n’intéressait donc que de façon très indirecte les monarchies voisines sauf toutefois la Prusse au cas où elle méditerait d’attaquer la France. Méfiant, le gouvernement hollandais crut