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occidentales. Un moment les féodaux français qui ne pouvaient s’entendre sur le choix d’un roi l’appelèrent à régner aussi sur eux. Mais ce cumul ne dura que deux ans (885-87). Il était de l’intérêt de la Germanie de vivre une vie distincte de celle de ses voisins d’outre-Rhin, d’autant que, chez ceux-ci, rien de définitif ne semblait encore près de se dessiner. L’héritage de Lothaire se déformait à travers mille vicissitudes. Il y avait maintenant un roi de Provence, Boson comte de Vienne élu par les seigneurs et les prélats — un roi de Bourgogne transjurane (pays de Vaud) Rodolphe comte d’Auxerre qui tenait sa cour à Lausanne — et enfin un duc de Bourgogne cisjurane qui avait Dijon pour capitale et ne savait pas bien encore dans quelle direction il devait chercher à s’agrandir. Quant à la royauté française, elle oscillait entre le droit héréditaire et l’élection ; l’autorité de celui qui s’en trouvait investi semblait diminuer de plus en plus.

Arnulf, petit-fils bâtard de Louis, devenu roi de Germanie en 888, était un prince actif et énergique. Il regarda d’un autre côté. Les frontières de l’ouest ne l’inquiétaient pas. Celles du nord et de l’est étaient moins rassurantes. Les guerres de Charlemagne avaient fait beaucoup, il est vrai, pour accroître la sécurité germanique. Sans lui, où se serait arrêtée la poussée des Slaves ? Arnulf qui avait besoin d’appui s’adressa aux Magyars dont nous décrirons plus tard l’odyssée. Il les attira dans cette vaste esplanade où ils devaient s’installer et créer l’État hongrois. Les Magyars n’aimaient pas les Slaves ; ils s’unirent volontiers aux Germains contre eux. Rassuré sur ce point, Arnulf alors put satisfaire de hautes ambitions. En 894 il sut se faire accepter comme roi d’Italie et en 896 couronner empereur. C’était la formule du « Saint-empire romain-germanique ». Mais formule de droit ou formule de hasard ? L’avenir en dépendrait. Arnulf ne laissait qu’un héritier encore en bas âge qui ne put se défendre et sous le règne agité duquel les prétentions féodales se fortifièrent. Désormais les « duchés » (Bavière, Souabe, Franconie, Saxe, Lorraine) étaient héréditaires et pour les tenir unis, il faudrait des souverains aux mains à la fois habiles et vigoureuses. Il en vint deux : Henri de Saxe (919-936) et son fils Othon le grand (936-973).

Les Magyars encore peu assagis se rendaient redoutables à tous leurs voisins, pillant maintenant et dévastant aussi bien les terres germaniques que les terres slaves. Henri conclut avec eux une trêve de neuf ans qu’il employa à préparer avec un zèle