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germaniques. On le relève pour la première fois dans un ouvrage consacré à l’empereur Aurélien. Il servit — sans qu’on en puisse connaître l’origine — à désigner finalement les groupes germaniques stationnés sur les bords du Rhin depuis le confluent du Mein jusqu’à l’embouchure. À la fin du iiime siècle il y avait des Francs dans le Hainaut et dans « l’île des Bataves ». On nommait ainsi la Hollande, terre sauvage aux forêts à demi submergées. Comme leur nombre augmentait, il fallut à plusieurs reprises les refouler. Constance Chlore en 292 les avait cantonnés entre le Rhin et la Meuse. En 355 il se produisit comme une poussée sur tout leur front de Strasbourg à la mer. Julien accourut pour les combattre. Il entra à Cologne. La plupart des villes romaines du Rhin avaient leurs fortifications détruites. Satisfait de la leçon infligée, Julien s’empressa de traiter avec les vaincus. Le grand nom de Rome continuait d’ailleurs d’en imposer aux barbares. Julien livra encore une bataille près de Tournai à ceux qu’on commençait à appeler les Francs-saliens (du nom latin de la rivière Yssel) par opposition aux Francs dits ripuaires. Les premiers étaient peu à peu descendus vers le Brabant et les Flandres. Les seconds étaient répandus dans la région de Cologne, les Ardennes, la vallée inférieure de la Meuse. Nous voyons par la relation d’une tournée d’inspection faite par Stilicon le long du Rhin à l’époque de la mort de Théodose (395) que la garde du fleuve était passée presqu’entièrement aux mains de Francs. Garde peu süre. Non qu’ils eussent le dessein de trahir une mission qui leur donnait plutôt de l’orgueil ; mais leur turbulence les jetait fréquemment les uns contre les autres et leur médiocrité ne leur permettait pas de s’élever au contact de la civilisation. Parmi les barbares ils n’étaient pas les plus cruels mais comptaient au nombre des plus grossiers et des moins intelligents. Stilicon apaisa leurs querelles intestines et renouvela les traités. Quelques années plus tard le peu de troupes romaines qui restait en ces régions fut rappelé en Italie pour être opposé à Alaric. Les Francs se trouvèrent seuls à supporter en 406 la cohue des assaillants. Ils furent culbutés. L’agonie de la Gaule romaine commençait. Elle devait durer quatre-vingts ans jusqu’à la défaite de Syagrius par Clovis aux environs de Soissons (486).

Nous avons déjà vu les résultats de la grande secousse de ce début du vme siècle et comment d’étranges monarchies barbares s’élevèrent tant bien que mal sur les ruines du monde occidental romain, celles des Wisigoths en Espagne, des Vandales en Afrique, des Ostrogoths en Italie, des Burgundes dans la