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Au début de la seconde moitié du xvme siècle deux questions capitales se posaient pour la France — et subsidiairement pour l’Europe occidentale. Qu’allait-il advenir de la Bourgogne ? Et puis la politique capétienne allait-elle revivre ou bien le système Valois s’implanter définitivement ? Il va de soi que cette dernière alternative ne se formulait point de pareille façon. Bien peu sans doute, parmi les contemporains, eurent pleine conscience du dilemme. Les termes ne s’en opposaient pas moins et ils devaient se heurter aux États-généraux de 1484.

À dix-sept ans, le futur Louis XI se sentait impatient du pouvoir. Relégué par son père Charles VII dans le Dauphiné, il y avait témoigné de son indépendance de caractère en instituant un parlement à Grenoble et une université à Valence. Le sens patriotique lui faisait défaut. Il le marqua notamment dans un moment de rancune contre son père, en incitant les Anglais à opérer en France un débarquement armé. Les circonstances sans doute étaient troubles mais elles l’avaient été davantage encore au temps de Jeanne d’Arc. Et le grand élan de véritable patriotisme qui avait alors soulevé le royaume eût dû éveiller dans l’âme du roi prochain un écho prolongé. Il n’en fut rien. Dauphin ou roi, Louis XI se préoccupa bien d’abaisser les grands vassaux à son profit mais sans convier le pays à l’aider dans cette entreprise d’assainissement.

Entichés de féodalisme, les Valois avaient créé de nouveaux apanages et reconstitué de véritables dynasties provinciales. Les princes du sang capables de lutter efficacement contre le trône étaient principalement : le duc d’Orléans (celui qui écrivit si joliment en vers), le duc d’Anjou, le duc d’Alençon et le duc de Bourbon. Le premier possédait Orléans, Blois, Soissons…, le second, l’Anjou et le Maine sans compter la Provence ; il revendiquait aussi la Lorraine et Naples, voire même le trône de Hongrie et celui de Jérusalem ! Le troisième détenait Alençon et le Perche ; le quatrième, Vendôme avec le Bourbonnais et le Beaujolais, plus une partie de l’Auvergne. La Bretagne n’était toujours pas ralliée. Au sud, les comtés de Foix, d’Armagnac et d’Albret étaient de petits territoires mais gouvernés par des seigneurs remuants dont il était bien malaisé de faire façon. Tout cela pourtant eût été presque négligeable en tant que sources de difficultés en comparaison de ce que représentait la puissance bourguignonne.

Nous avons vu cette puissance se constituer sous sa forme