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avant-gardes batailleuses et farouches et ils les eussent plus volontiers comparés à des tigres qu’à des coqs.

Les Celtes, eux, n’avaient aucune hésitation en ce qui concerne l’unité de leur race. Ils l’affirmaient en toute occasion. Que cette race fut dès lors mélangée, cela est possible. Dans la plupart des territoires occidentaux occupés par eux, les Celtes paraissaient s’être superposés aux Ligures dont l’expansion et la puissance auraient précédé directement les leurs et correspondu à ce qu’on appelle l’âge du bronze c’est-à-dire la période pendant laquelle un outillage métallique, remplaçant l’outillage primitif dit de la « pierre polie », permit aux hommes de franchir un premier stade dans la voie du progrès. L’âge qui vint ensuite fut celui du fer donnant lieu à de nouveaux et nombreux perfectionnements. On comprend qu’il soit résulté de pareilles découvertes de véritables bouleversements sociaux. L’importance des régions et l’état d’avancement des populations dépendirent de la présence du minerai ; c’est ainsi que la Styrie, la Carniole, la Carinthie prirent un rapide développement. L’essor celte paraît avoir plus ou moins coïncidé avec cette révolution économique. De bonne heure l’industrie du fer s’inaugura dans les portions de la France qui sont aujourd’hui la Franche-comté, le Morvan, la Haute Marne, le Berri. Les Celtes y étaient arrivés venant de l’est, refoulant ou assimilant les précédents habitants et commençant d’unifier par le langage et les coutumes ce qui allait constituer pour eux un vaste et florissant empire.

Vaste — car au vme siècle avant J.-C., il comprenait presque toute la France, la Belgique et la Suisse et s’étendait au nord jusqu’à l’Elbe, à l’orient jusqu’à la Hongrie ; florissant — car d’un bout à l’autre de ce domaine, un mouvement commercial considérable s’était organisé ; et encore n’était-ce là que le noyau compact du celtisme. Des États celtes existaient en dehors de ces limites, en Ibérie notamment et dans les îles britanniques. Franchissant les Pyrénées au col de Roncevaux des Celtes avaient suivi l’Èbre jusque vers Saragosse, occupé les plateaux de Castille, descendu le Douro et le Tage, atteint l’Andalousie et le sud du Portugal. D’autres avaient passé la mer et s’étaient installés au sud de l’Angleterre et en Irlande. Ce n’était pas encore assez puisque des expéditions furent organisées bientôt pour acquérir d’autres territoires. Un roi du nom d’Ambigat dont le centre de puissance aurait été à Bourges et à l’autorité duquel un grand nombre d’États celtes auraient alors été soumis, se vit conduit par la surabondance