Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome III, 1926.djvu/139

Cette page a été validée par deux contributeurs.
135
l’europe à la fin du xve siècle

grande-charte anglaise. On y trouve spécifiées : la liberté individuelle, l’obligation pour le souverain d’observer les lois et de convoquer régulièrement les assemblées, voire même une sorte de responsabilité ministérielle Malheureusement une servitude fort dure pesait sur les paysans attachés à la glèbe ; ils étaient exclus du bénéfice de la liberté. D’autre part une bourgeoisie étrangère commençait à se développer dans les villes. Sur ces entrefaites se produisit la terrible invasion mongole de 1241 qui couvrit le pays de ruines et de dévastations. Quand le flot se fut retiré, le roi Béla IV attira des Allemands pour aider à la reconstruction. C’est alors que de nombreuses colonies saxonnes s’établirent en Transylvanie d’où vint à ce pays son nom germanique de Siebenbürger.

En 1301 avec André III prit fin la descendance d’Arpad. Après des disputes et des troubles domestiques, la candidature de Charles Robert d’Anjou fut imposée par le pape. C’était un prince de la dynastie angevine de Naples qui par alliance descendait également de la maison royale hongroise. Son règne (1308-1342) et celui de son fils Louis Ier dit le grand (1342-1382) furent assurément une période de splendeur. La domination hongroise s’étendit sur la Dalmatie, la Croatie, la Bosnie, la Serbie, la Valachie, la Moldavie, la Transylvanie et même la Bulgarie. Le gouvernement se montra sage et équilibré. Le roi Louis sut demeurer en bons termes à la fois avec l’Église, la bourgeoisie et les municipalités. Il n’en resta pas moins un étranger sur le trône, préoccupé de ses intérêts italiens et de sa gloire personnelle, ne résistant pas à l’ambition de ceindre aussi la couronne de Pologne qu’il brigua et obtint à la mort de Casimir III. Les Magyars l’apprécièrent mais ne se reconnurent point en lui. Il n’était pas de leur race et ne s’y annexa jamais. Combien différent ce Mathias Corvin que, cent ans plus tard, ils portèrent à la royauté. Ces cent ans que recouvre une chronologie trompeuse n’avaient été qu’une suite d’agitations dynastiques, de mouvements sans portée nationale. C’est la vie politique intense issue de la Bulle d’or qui avait alors maintenu le pays compact et résolu sous son gouvernement sans racines. Il se contracta plus encore quand le péril turc surgit aux frontières orientales. Jean Hunyade, régent du royaume (1438-1457) repoussa si vaillamment l’envahisseur que de son fils Mathias, la gratitude populaire fit un roi à quinze ans. Le choix était bon. L’homme se montra fougueux, impérieux, orgueilleux mais aussi éloquent, fin et cultivé ; le type premier de ces magnats hongrois