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tiers vers le parti pontifical et municipal. L’un d’eux fonda Fribourg puis en 1191 Berne. Lorsque leur fortune s’éclipsa enfin, ce furent dans la partie romande, la maison de Savoie et dans la partie alémanique, les Habsbourg qui en héritèrent.

À la mort de Rodolphe de Habsbourg, les montagnards des districts de Schwytz, Uri et Unterwald dont il s’était montré le protecteur constant s’assemblèrent pour maintenir leurs libertés que la réaction menaçait. « Considérant la malice des temps », ils se lièrent par un pacte où l’on trouve en germe la théorie de la nationalité moderne et le principe de l’arbitrage. Le parti impérial les persécuta. Ils furent en butte aux exactions d’un agent de l’empereur nommé Gessler. Ici se place l’aventure à demi légendaire de Guillaume Tell. Le fameux « serment du Grütli » (7 novembre 1307) les dressa contre la tyrannie. Vainqueurs des impériaux au défilé de Morgarden (1315) et des féodaux à Laupen (1339) les confédérés virent leur nombre s’accroître. Lucerne se joignit à eux, puis Zürich, ville d’artisans et de riches marchands ; puis encore Glaris, Zug et enfin Berne. La victoire d’Arnold de Winkelried à Sempach (1386) sembla devoir consolider l’indépendance helvétique. Cette même année les députés de huit cantons auxquels s’ajoutèrent ceux de Soleure tinrent séance à Zürich. On eût pu y sceller l’avenir mais aucun sentiment collectif n’existait pour neutraliser des intérêts locaux contradictoires ; et la belle et franche simplicité démocratique qu’avait révélée le pacte initial des montagnards et dont devaient, plus tard, s’imprégner les institutions fédérales ne pouvait encore lutter de façon efficace contre les aspérités et les inégalités d’un état social saupoudré de féodalisme. De plus, tandis que la région d’Appenzell s’efforçait d’échapper à la domination des abbés du monastères de St-Gall (1411) les confédérés s’emparèrent de l’Argovie et y créèrent des « baillages », sortes de petits États tenus en vasselage et exploités en commun. Ce régime inauguré depuis quelques années dans la vallée de Domodossola y avait provoqué des querelles ; une révolte assez sérieuse des habitants du haut Valais s’en était suivie. Finalement la guerre civile se généralisa (1440). Zürich, en lutte avec les autres villes, en appela à l’empereur. En France, le roi Charles VII cherchait à se débarrasser des bandes de soldats et d’aventuriers inoccupés qui désolaient le pays depuis que les hostilités avaient cessé avec l’Angleterre. Il mit à leur tête le dauphin (le futur Louis XI) et les lança sur la Suisse sous prétexte d’aider l’empereur. Mais le dauphin, avisé, admira fort les Suisses et, songeant qu’il les