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Hanse paraissait devoir constituer un domaine de plus en plus autonome. Elle allait y agir souverainement et ne demanderait jamais à l’empire une reconnaissance officielle. Lubeck, siège habituel de la diète hanséatique, Brême, Hambourg et les villes de l’intérieur reliées à elle ne devaient pas seulement amasser de grandes richesses mais poser les fondements juridiques de la navigation internationale en proclamant le principe de la liberté des mers et le droit pour le pavillon neutre d’échapper en cas de guerre, aux atteintes des belligérants. La Baltique avec ses pêcheries de harengs était une « excellente école de matelots » et comme nous venons de le dire la marine allemande y supplanta complètement la marine scandinave.

Pendant ce temps la tentative de Rodolphe de Habsbourg semblait avoir échoué. On lui avait su gré d’avoir rétabli l’ordre et combattu les petits seigneurs qui, à l’abri de leurs châteaux-forts, multipliaient les brigandages. Mais on ne lui avait pas permis d’assurer, comme il l’eût souhaité, sa succession impériale à son fils Albert. En prévision sans doute de cet échec, il avait constitué à celui-ci un apanage avec l’Autriche, la Styrie, la Carniole enlevées par la force des armes au roi de Bohême Ottokar qui, à son avènement, avait refusé de le reconnaître. Ainsi les Habsbourg d’argoviens étaient devenus autrichiens. Il leur faudrait longtemps se contenter de ce patrimoine restreint mais aggloméré avant de pouvoir fixer définitivement la dignité impériale dans leur famille. Le caractère électif de celle-ci tendait d’ailleurs à se préciser sans que les titulaires se résignassent à renoncer au prestige du couronnement romain. La Bulle d’or de Charles IV (1356) réorganisa le collège électoral et en fixa les prérogatives. Les sept Électeurs, poétiquement comparés aux sept lampes de l’apocalypse, devaient se réunir à Francfort sous la présidence de l’archevêque de Mayence. Mais leur assemblée n’allait pas pour cela jeter plus de clarté sur la politique allemande qui demeura confuse et terne. La multiplicité des monnaies entretint en même temps un chaos financier. Le commerce des changes prit une importance croissante ; les juifs surent s’en emparer et le diriger.

Particulièrement intéressante au point de vue de l’évolution allemande est l’histoire de l’État teutonique si généralement laissée dans l’ombre. Fondés à St-Jean d’Acre en 1190 pour assurer le développement d’un hôpital que les bourgeois de Brême et de Lubeck avaient précédemment créé en vue de secourir les pèlerins de race germanique en Terre-sainte, les