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et des circonstances adverses allaient ébranler promptement l’édifice. Avec Philippe IV, la fortune des Capétiens s’évanouit. La chance qui si longtemps leur avait été favorable tourna. En quatorze ans (1314-1328) Louis X, Philippe V et Charles IV, les trois fils du défunt roi se succédèrent sur le trône, disparaissant prématurément sans laisser d’héritiers mâles. L’un d’eux, Philippe V (1316-1321) actif et sage réussit néanmoins à perfectionner dans le pur esprit capétien le détail de l’organisation gouvernementale. Nombre d’ordonnances de mise au point, de fréquents appels aux représentants de la nation témoignèrent de ses bonnes intentions. En 1317 les bourgeois de Paris convoqués par ses soins confirmèrent que « les femmes ne succèdent pas au royaume de France ». En vertu de quoi, à la mort de Charles IV, son cousin germain, Philippe de Valois se trouva roi de France sous le nom de Philippe VI.


LE DUEL ANGLO-FRANÇAIS

Guillaume le conquérant avait laissé à son fils Robert, la Normandie ; au second Guillaume, l’Angleterre. Quant au troisième, Henri surnommé Beauclerc à cause de sa culture, on avait voulu l’orienter du côté de l’Église sans doute avec l’arrière pensée de son accès possible à la papauté. Mais il ne l’entendit pas ainsi. Rusé, habile et sans scrupules, il réussit à évincer ses frères et finit par s’emparer de l’héritage total. Ainsi l’union se trouvait rétablie entre la couronne ducale française et la couronne royale anglaise. De toute cette lignée, des malheurs domestiques aidant, il ne resta bientôt plus qu’une fille Mathilde qui, veuve de l’empereur d’Allemagne, s’était remariée au comte d’Anjou, Geoffroy « Plantagenêt ». On était à l’époque où, comme dit Jean Revel « les peuples servaient de dot aux princes et princesses, où des provinces entières, des royaumes même s’unissaient ou se désunissaient au gré d’alliances matrimoniales conclues ou rompues. » Et c’est ainsi, en effet que le fils de Geoffroy et de Mathilde, Henri Plantagenêt devint à la mort de ses parents, roi