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En 276 le fils de Démétrius entra en possession de ce dernier pays sur lequel il régna sous le nom d’Antigone II. Son principal effort se tourna contre les Celtes. Depuis la mort d’Alexandre, en effet, les Celtes de Bohême, renforcés sans doute par des Celtes de Gaule, menaçaient à tout moment les frontières du nord. Ils avaient même déferlé jusqu’à Delphes et en avaient pillé les temples. Ils constituèrent dans le centre de la Thrace une sorte d’État permanent d’où ils dirigeaient des incursions redoutables. Un autre groupe avait passé en Asie ; ils s’y firent concéder par Antiochus et Nicomède de Bithynie un territoire qu’on nomma la Galatie dans lequel ils devaient se trouver peu à peu enfermés et contraints de se fondre avec les populations avoisinantes. Antigone II et son successeur Démétrius II eurent une politique assez active d’intervention en Grèce. Philippe III (221-178) allié d’Annibal et dont Polybe nous a laissé en quelques lignes un portrait séduisant fut pour Rome un adversaire redoutable. Sa défaite à Cynocéphale en 197, celle de son successeur le remarquable Persée à Pydna en 168 décidèrent pratiquement du sort de la Grèce en même temps que de celui de la Macédoine. L’une et l’autre furent réduites en provinces romaines (149-146).

La Grèce renfermait au iiime siècle entre trois et quatre millions d’habitants. Elle était riche mais turbulente et instable. Presque toutes les cités grecques avaient été définitivement conquises par la démocratie. Sparte même s’y était essayée gauchement (225 av. J.-C.). D’hommes de valeur, il y avait peu car les plus marquants et les plus actifs étaient attirés au dehors vers Alexandrie, Antioche, Pergame… devenues les vrais centres de l’hellénisme. Malgré que le municipalisme exalté qui avait si souvent compromis la fortune de la Grèce continuât de sévir, des ligues s’étaient formées mais qui se contrecarraient et qu’animait en somme un esprit de lutte sociale. L’une, la Ligue étolienne portait le nom de la région centrale, âpre et fruste, où elle avait pris naissance ; démagogique d’allures et d’instinct, puissante d’ailleurs et pouvant mettre sur pied des forces militaires sérieuses, elle englobait tout le nord de la Grèce avec des ramifications locales en Thrace et en Asie-mineure. L’autre, la Ligue achéenne, constituée vers 280 par quelques villes du Péloponnèse, s’inspirait plutôt d’idées conservatrices. Aratus qui la dirigea habilement lui donna de l’importance en y faisant entrer Corinthe et Sycione (252-243). Un texte découvert dans les fouilles d’Épidaure en 1917 montre que la ligue avait non seulement une armée mais un parlement composé de députés de chacune