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l’hellénisme

Ils s’entretuèrent de leur mieux. Ils firent plus. Ils se déshonorèrent. Une de ces vagues de cynisme et d’immoralité comme il en passe parfois après que les passions brutales ont été surexcitées par des événements excessifs, ravagea cette société issue d’un drame sans pareil. Les crimes se multiplièrent autour des nouveaux trônes. Un seul État y échappa : l’Égypte où la dynastie des Ptolémées s’implanta et se maintint sans effort. Nous avons vu d’autre part comment celle des Séleucides règna sur la Syrie et la Perse — et comment, de bonne heure, ce dernier pays fut soustrait à sa domination. Finalement (les faibles héritiers d’Alexandre avaient disparu dans la tourmente) il resta en Asie un grand royaume, celui des Séleucides avec sa prestigieuse capitale, Antioche — et plusieurs autres moins considérables — celui de Bactriane auquel nous ne reviendrons plus, et en Asie-mineure, ceux de Pont, de Pergame, de Bithynie, de Cappadoce.

Le Pont, sur la mer Noire, ancienne satrapie de Darius Ier, était devenu peu à peu autonome. La lignée des Mithridate assuma la dignité royale en 301. Mithridate VII, le dernier et le plus célèbre, occupa un moment la Grèce et ses troupes tinrent garnison dans l’acropole. Mais les Romains contre lesquels il luttait finirent par l’abattre et en l’an 63 annexer ses États. Le royaume de Pergame vécut de 282 à 132. Ses cinq monarques qui portèrent alternativement les noms d’Attale et d’Eumène furent amis des lettres et des arts et alliés des Romains auxquels Attale III, le dernier roi, légua son patrimoine. La Bithynie comprenait les territoires de Brousse et de Nicée. Nicomédie, sa capitale, fut bâtie par Nicomède Ier. L’indépendance date de 297. Le souverain le plus en vue fut Prusias (192-148) près de qui Annibal vaincu chercha un refuge et chez lequel il se donna la mort. La Bithynie fut aussi léguée aux Romains en l’an 75 par le roi Nicomède III. Quant à la Cappadoce, elle eut des destins changeants, tantôt soumise à l’un ou l’autre des royaumes voisins, tantôt pleinement indépendante. Les Romains ne l’annexèrent que sous le règne de Tibère.

Pendant ce temps que devenaient les États grecs d’Europe, la Macédoine, la Grèce, les villes de Sicile ?… En Macédoine après la mort du régent Antipater, son fils Cassandre batailla pour s’assurer sa succession. L’ayant obtenue, il se la vit disputer par un autre des généraux d’Alexandre, Antigone. Celui-ci et, après lui, son fils Démétrius conduisirent une guerre de vingt années (306-286) pour s’emparer de la Grèce et de la Macédoine.