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complétait son instruction. À dix huit ans il devenait « éphèbe » puis soldat. « Je ne déshonorerai point mes armes en abandonnant mes compagnons ; je combattrai jusqu’au dernier soupir pour défendre les autels et le territoire de la patrie ; je laisserai mon pays en meilleur état que je ne l’ai trouvé ; j’obéirai aux lois et aux magistrats ; je respecterai la religion des ancêtres ». Tel était le magnifique serment qu’on lui faisait prêter. Les lois protégeaient l’étranger venu se placer sous leur égide et laissaient le citoyen libre de s’expatrier si son goût ou son intérêt l’y portaient. Quant à l’esclave, il était traité avec une mansuétude jusqu’alors inconnue et qui atténuait l’odieux d’une institution que l’antiquité ne songea point à supprimer.

Cette présence des esclaves au sein de la république athénienne lui a fait refuser par certains auteurs modernes le nom de démocratie. Mais Alfred Croiset remarque avec raison que d’une part, à Athènes, les esclaves « n’ont jamais été assez nombreux ni assez organisés pour menacer l’État d’une guerre civile comme à Rome » et que, d’autre part, toutes les querelles de la politique intérieure athénienne furent de « véritables luttes de classes ». Athènes a donc bien été une démocratie mais de dimensions fort restreintes ; en dehors de ses métèques (étrangers) et des esclaves, il est à croire que l’État n’a jamais compté plus de cent quatre-vingt à deux cent mille citoyens ; et pourtant on a pu dire de ce groupe si restreint qu’aucun autre n’avait « laissé à l’avenir un héritage plus riche en suggestions de toutes sortes. »

Le retentissement de l’œuvre de Solon fut immense et prolongé. On répète volontiers que ses réformes témoignèrent de leur caractère utopiste par leur peu de durée attendu que Pisistrate (560-528) s’étant emparé du pouvoir, suspendit le fonctionnement de la constitution. Les événements revêtirent un caractère différent. Il est exact que Pisistrate qui était le chef du parti démocrate usa de violence pour établir son autorité mais, au lieu d’abolir les lois politiques, il se borna précisément à en interrompre l’application ce qui était un hommage rendu à leur valeur ; et de plus, il se garda de toucher aux lois civiles et criminelles telles que Solon les avait établies. Aristote reconnaît qu’il gouverna « plutôt en citoyen qu’en tyran ». Il se maintint en somme dans l’esprit de Solon et on peut dire que sous lui la Grèce continua de se « soloniser ». Ce furent ses fils (528-510) qui malgré certaines qualités aimables furent nuisibles à leur patrie en dirigeant contre ses libertés une coupable tentative. Le peuple l’emporta et son chef, Clisthène put, « reprenant