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homériques au sein des assemblées populaires. Partout mêmes goûts, mêmes habitudes d’existence, même religion humaine, même culte bilatéral des choses du corps et de celles de l’esprit. Ne devait on pas à Olympie, la capitale du sport antique, entendre Hérodote lire un livre de son histoire et voir Aetion et Œnopide exposer l’un ses tableaux et l’autre, ses tables astronomiques : symbole puissant de ce trépied merveilleux qui porta la civilisation hellénique et que constituèrent le sport, le civisme et l’art, de cet équilibre qu’elle sut atteindre et maintenir entre l’individu et la cité, entre le solidarisme et l’intérêt personnel.

Que dire de l’unité politique ? C’est ici la principale source d’incompréhension lorsqu’on étudie l’histoire de l’hellénisme et il y faut bien prendre garde. D’autant que cette grande crise à laquelle nous allons arriver, que détermina l’attaque des Perses et dans laquelle l’hellénisme faillit sombrer perd sa véritable signification si on ne l’examine que du point de vue extérieur et sans tenir compte des éléments intérieurs qui la préparèrent et la rendirent si périlleuse.


La crise de l’hellénisme

Les États grecs avaient tous, plus ou moins, le caractère « municipal ». Ils se composaient en général d’une ville, du territoire avoisinant avec quelques bourgades ou villages, d’un rivage avec un port Un particularisme excessif, l’esprit d’indépendance et l’orgueil local, enfin des rivalités inévitables et susceptibles de provoquer parfois des querelles armées, telles étaient les conséquences de leur constitution. Quand il s’agissait de colonies lointaines séparées les unes des autres par des espaces suffisants, les conséquences tendaient à s’atténuer. En Grèce au contraire, où les États étaient comme tassés les uns contre les autres, elles s’accentuaient. Les choses se compliquaient du fait que les traditions monarchiques existaient dans un certain nombre d’États où primitivement avaient régné des princes du type d’Agamemnon. Ces royautés nous sont familières grâce à Homère qui nous les a dépeintes dans son Iliade et son Odyssée. Au viiime siècle, elles avaient disparu laissant derrière elles des oligarchies résistantes. En effet, ce n’est pas du milieu populaire qu’elles étaient issues ; la plupart, électives ou non, avaient été l’apanage de fait de quelques familles aristocratiques qui, les trônes abattus, prétendirent continuer à gouverner. À Athènes, on les appelait les eupatrides ou « bien-nés ». Longtemps leur coterie se maintint au pouvoir,