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les hébreux

LES HÉBREUX

Le peuple hébreu ne prend rang dans l’histoire universelle ni au point de vue politique ni au point de vue économique. Son rôle à cet égard fut insignifiant. Ses premières pérégrinations le conduisirent sans doute de la région du golfe Persique à la haute Mésopotamie et de là — sous la conduite d’Abraham — en Syrie. Établis aux environs d’Hébron puis attirés vers l’Égypte dont les relations commerciales avec le pays de Chanaan étaient alors fréquentes, les Hébreux y séjournèrent à une date et pendant un temps indéterminés, d’abord librement et ensuite en une sorte d’esclavage. Il semble qu’ils se soient révoltés et enfuis sous Amenophis III et non, comme on le croit généralement, sous le règne de Menephtah postérieur de deux siècles. Les tablettes égyptiennes sont muettes sur ces événements d’ordre restreint. Les dates d’ailleurs sont ici sans importance comme le sont aussi les multiples légendes dont s’agrémentent les récits de la Bible. À travers la fiction, il est aisé de dégager la réalité. Elle s’enferme tout entière dans l’effort magnifique de Moïse et de Josué pour détruire l’idolâtrie et lui substituer un monothéisme étroit et exclusif mais déjà plein d’élévation. Cette lutte de quelques hommes contre les tendances obscurantistes et passionnées de tout un peuple témoigne de leur surprenante vigueur. Pour que Jéhovah triomphât, il fallait que les Hébreux se sentissent liés à lui par l’obligation d’une gratitude sans bornes. De là tous les prodiges qu’il est réputé accomplir en leur faveur, prodiges que leurs chefs mettaient continuellement en évidence et qui les élevaient au rang de race élue. Mais avant que cette conviction s’enracinât en eux, la foi naissante eut à subir de rudes assauts. « Faites disparaître, s’était écrié Josué, les dieux que vos pères ont adorés au delà de l’Euphrate et en Égypte, et adorez Jéhovah ». Ce n’est pas sans murmures que le peuple avait obéi et longtemps après que, de retour au pays de Chanaan, les tribus se furent partagé le sol (elles représentaient alors six cent mille têtes) le regret des idoles brisées et ensevelies travailla l’âme d’Israël. « Le veau d’or était toujours debout » et l’influence se révélait pernicieuse des dieux voluptueux de la Phénicie, toute proche. Pendant plusieurs siècles les monothéistes demeurèrent sur la brèche, indomptables et farouches, jetant leurs anathèmes aux partisans des cultes étrangers.