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l’égypte

grec, il perdit au contact de l’art égyptien ses meilleures qualités sans lui rien insuffler ni rien en acquérir.

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Nous en pouvons rester là de notre aperçu. Les destins égyptiens ne sont plus en péril. L’Égypte qui a résisté à l’hellénisme, victoire sans précédent, résistera désormais à tout. Vers la fin de l’ère ancienne, l’action romaine se fit de plus en plus sentir sur les bords du Nil. Déjà en 201 av. J.-C. la tutelle du jeune Ptolémée Épiphane pendant sa minorité, avait été confiée au sénat romain. Les aventures romanesques de la belle Cléopâtre, la dernière reine d’Égypte, aidèrent à l’emprise. L’Égypte devenue province romaine sous Auguste le demeura jusqu’en 395 apr. J.-C. C’est pendant cette période qu’elle connut le christianisme et que se forma la prospère et turbulente église d’Alexandrie qui agita l’empire d’Orient par ses hérésies et ses exaltations pieuses. Mais le peuple égyptien, demeuré calme et traditionaliste, vit passer la domination byzantine (395-619) comme il avait vu passer la domination romaine. De 619 à 629 il connut celle du roi de Perse Chosroës. En 640 ce furent les califes arabes. Ainsi nous retrouverons l’Égypte dans l’histoire arabe comme dans l’histoire des croisades. On la retrouve partout mais en apparence seulement. Ce sont les façades du pouvoir et rien autre. Où est l’âme égyptienne ? Est-elle enroulée, momie nationale, dans ses bandelettes, attendant les résurrections futures ? En tous cas, son « double » subsiste et ne meurt point de faim. Car sous tous ces régimes de hasard et sans racines, la richesse renaît avec une facilité merveilleuse. Sous les trois premiers Ptolémées, l’Égypte a été l’État le plus riche du monde oriental. Sous les empereurs romains, Flaviens et Antonins, sa situation n’est pas moins fortunée. Viennent les Arabes, il en sera de même ; et encore sous ces sultans « Mamelouks » (1250-1517) d’origine pourtant bien vulgaire pour occuper si longtemps le trône des Pharaons car ils sont issus d’une sorte de grande compagnie de reîtres musulmans « qui se recrute par achats d’esclaves sur tous les marchés à soldats de la steppe. » En 1517 le sultan de Constantinople, Sélim, réduira l’Égypte en province ottomane. Des pachas la gouverneront au nom des sultans. Et ces pachas ne tarderont pas à reconnaître qu’elle est faite pour vivre autonome et libre. Une première révolte dirigée par Ali Bey en 1767 et qui échoue ; une autre en 1840, celle de Méhémet-Ali, et qui réussit à demi. Dans