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francais et espagnols en méditerranée

racine dans le sol italien fut Rainolf auquel, en récompense de ses services, le duc grec de Naples octroya le comté d’Aversa sis entre Naples et Capoue. (1029). Parmi ces vaillants et généralement peu scrupuleux aventuriers figurèrent bientôt les fils de Tancrède de Hauteville, gentilhomme du Cotentin de race puissante mais de médiocre fortune. Il en avait douze. Six passèrent en Italie dont Guillaume l’aîné, Roger le cadet et, parmi les intermédiaires Onfroi et Robert dit guiscard (de viscard, avisé). Ils commencèrent par s’emparer de la Pouille et de la Calabre et s’y tailler une principauté. Les Grecs maintenant déchantaient. Le pape non moins inquiet sollicita des troupes de l’empereur allemand et cimenta une ligue défensive. Mais en 1053 à Civitate, l’armée de la ligue fut complètement défaite par les Normands et le pape qui l’accompagnait tomba en leur pouvoir. Il fallut composer avec eux. On s’entendit sans trop de peine. Après tout, le Saint-siège avait intérêt à voir le sud de l’Italie jusqu’alors soumis à l’empire grec (aux tendances de plus en plus schismatiques) passer sous sa propre suzeraineté. Onfroi et Robert Guiscard ne trouvèrent pas moins d’avantages à se reconnaître vassaux du pape. Onfroi disparu, Robert chef incontesté des seigneurs normands s’empara des duchés de Salerne et de Bénévent puis de l’île de Corfou. En vain les Vénitiens vinrent-ils au secours d’Alexis Commène. La domination byzantine avait pris fin en Italie et Robert Guiscard était maintenant pour le pape un allié fidèle. Fidèle mais compromettant car en 1084, accourant à l’appel de Grégoire VII (que l’empereur allemand Henri IV assiégeait dans le château Saint-Ange), il laissa ses soldats saccager Rome et en détruire notamment la partie comprise entre le Colisée et le palais de Latran. Peu après Grégoire VII réfugié à Salerne y mourait suivi de près par Robert (1085). Des deux fils de ce dernier l’un Bohémond, prince de Tarente, devait grâce à la croisade trouver en orient, à Antioche, une souveraineté à la taille de son ambition ; l’autre régna de façon effacée sur la Pouille et la Calabre.

Pendant ce temps, Roger, le frère cadet de Robert, avait conquis la Sicile (1074-1101). Il s’était d’abord emparé de Palerme puis de là, avec sa poignée de Normands, il avait su, non sans bien des alternatives de revers et de succès, soumettre toute l’île, posant au fur et à mesure de sa conquête les bases d’un gouvernement sage, à la fois dur et souple, ouvert au progrès matériel et pratiquant au point de vue ethnique et religieux une tolérance très moderne. Sans aucun préjugé, se servant au besoin de troupes