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histoire universelle

FRANÇAIS ET ESPAGNOLS
EN MÉDITERRANÉE

L’action française dans les milieux méditerranéens s’est exercée autour de quatre points déterminés : 1o le sud de l’Italie et la Sicile par la fondation du royaume normand — 2o la Grèce et les côtes de Syrie et de Palestine par la création des « États francs » issus des croisades — 3o l’Égypte par les expéditions de Louis IX et de Bonaparte — 4o enfin l’Algérie et la Tunisie. L’action espagnole beaucoup plus rare et de faible importance se réduit en somme à une intervention inopinée du royaume d’Aragon en Sicile à la suite des fameuses « vêpres siciliennes », à l’établissement dans l’île d’une dynastie aragonaise et à une soumission transitoire de la péninsule à l’action gouvernementale espagnole.

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L’an 1016 quarante chevaliers normands revenant d’un pélerinage firent escale à Salerne. Salerne, ville grecque, érigée en principauté byzantine puis soumise aux Lombards s’était depuis 840 rendue à peu près indépendante. Présentement elle se trouvait sous une menace arabe à laquelle elle n’osait résister. Les Arabes — les « Sarrasins » comme on disait alors en ces parages — inspiraient une si grande terreur aux populations que, bien souvent, celles-ci capitulaient sans coup férir. Les Normands s’indignèrent de pareille veulerie et offrirent aux habitants de leur prêter main forte, ce qui fut aussitôt accepté. Déconfits les Arabes se retirèrent et les Normands comblés de présents retournèrent chez eux non sans avoir promis de revenir car de part et d’autre on s’était plu. Les uns appréciaient le concours d’une si secourable vigueur et les autres, la résidence en un si profitable pays. Ils revinrent en effet non pour péleriner mais pour guerroyer et « le firent si bellement » que de petits contingents normands se trouvèrent bientôt au service des cités et des princes dont les querelles prirent de la sorte une intensité toute nouvelle. Les Normands, engagés dans des partis rivaux, se battirent donc les uns contre les autres et cela avec une désinvolte et sportive satisfaction. Ils n’y voyaient point de mal, étant partis d’une région surpeuplée, où leurs énergies restaient sans emploi, pour aller au loin faire fortune. Le premier qui prit