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les ottomans

pénétra pas. Eux-mêmes d’ailleurs échouèrent à maintenir l’équilibre entre la violence et le raffinement dont, comme par une réminiscence de la Rome impériale, ils avaient poursuivi l’impossible mariage. La violence l’emporta. Il faut dire que des voisins sans scrupules, Autrichiens et Français, s’y employèrent de leur mieux. Nous reviendrons plus loin sur ces événements. Ils mirent fin à l’autonomie méditerranéenne de la péninsule et la rattachèrent à l’Europe continentale. Ils éteignirent le foyer de la Renaissance mais du moins en dispersèrent au dehors les fécondes étincelles.

En mourant, la Renaissance italienne acheva un dernier monument, la plus grande église du monde, Saint Pierre de Rome. La décoration décadente qui les empâte n’y annule pas l’effet des perspectives lesquelles évoquent les courbes surprenantes de la basilique de Constantin au Forum ou des thermes de Caracalla et de Dioclétien. Élevé parmi de perpétuels changements de plan, par les soins alternés d’artistes de génie et de médiocres architectes, Saint Pierre pour finir, s’embellit d’une colonnade inattendue que l’image a popularisée d’un bout de l’univers à l’autre. Ainsi le temple de la papauté se présente-t-il aux regards des peuples lointains comme le symbole d’une époque à la fois grandiose et séduisante mais souvent illogique et parfois incohérente, époque dont l’emprise sur l’imagination demeurera toujours irrésistible.


LES OTTOMANS

Les annales asiatiques nous font faire à maintes reprises connaissance avec les Turcs. Ils ont agi en Chine, dans l’Inde, en Perse. Lorsqu’ensuite nous les retrouvons, acteurs du drame méditerranéen, nous sommes surpris qu’ils s’y révèlent si différents de ce qu’annonçait leur passé. Pour le comprendre, il faut jeter un regard en arrière vers les terres d’Asie.

Au temps où les Turcs dominaient sur toute la Mongolie c’est-à-dire de 546 à 581, ils étaient divisés en deux « khanats » dont l’un, le khanat oriental fut attiré puis absorbé par la force chinoise et l’autre, le khanat occidental repoussé par cette même force se transporta peu à peu de l’est à l’ouest. Cela se fit en trois étapes géographiques qui furent le Turkestan russe (autrefois Sogdiane et Transoxyane), la Perse et enfin l’Asie-mineure. Au cours de cette migration ils ne changèrent pas seulement de religion