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les royaumes barbares d’occident

à l’indulgence ; mais répandu en orient, protégé ou mollement combattu par le clergé grec et le patriarche de Constantinople, l’arianisme devait par là même provoquer l’opposition violente de Rome et du clergé latin. C’est pourquoi lorsque les barbares l’apportèrent avec eux en Italie, en Afrique, en Espagne et en Gaule, ils virent se dresser devant eux l’hostilité résolue des chrétiens occidentaux.

Récarède Ier (586-601) en succédant à Léovigilde ne changea point de sentiments. Il porta sur le trône la passion qui lui avait fait prendre les armes en faveur de la foi latine. Sitôt couronné, il convoqua à Tolède un concile des évêques d’Espagne (589). L’anathème fut lancé contre l’arianisme ; le christianisme espagnol fut dès lors au service de l’Église romaine. Très vite l’intolérance se manifesta. Les conciles se succédèrent à Tolède. Celui de 636 (c’était déjà le sixième) exigea l’expulsion des juifs qui, depuis la destruction de Jérusalem, s’étaient dispersés à travers la Méditerranée et, en Espagne notamment, s’étaient en cinq siècles grandement multipliés. Le clergé espagnol marquait déjà une tendance à annuler la royauté et à se substituer à elle. Celle-ci pourtant avait encore force et prestige. Le roi Sisebut (612-621) en même temps qu’il développait le commerce, prit pied en Afrique par l’occupation de Tanger et de Ceuta et son successeur Swintila expulsa des provinces côtières de l’ouest les garnisons impériales qu’au cours de ses brillantes mais brèves conquêtes, Justinien avait réussi à y installer. Ainsi, sous le sceptre des rois wisigoths qui continuaient de protéger les lettres et les arts, l’unité ibérique semblait refaite lorsqu’un péril redoutable monta du sud. Sous le roi Vamba (672-680) eut lieu la première attaque des Arabes. Ce fut, il est vrai, un désastre pour eux ; ils perdirent deux-cent soixante douze navires. Ils n’en revinrent pas moins à la charge quelques années après et Vitiza (696-710) se vit enlever les îles Baléares. Roderic ayant en 710 détrôné Vitiza pour régner à sa place, il semble que les parents de ce dernier aient noué des intrigues avec l’ennemi. Quoiqu’il en soit, l’invasion déborda sur la péninsule et à la fameuse bataille de Xérès qui dura neuf jours, Roderic vit s’écrouler la fortune de sa race. Il y avait trois siècles que les Wisigoths avaient reçu de l’empereur Honorius le gouvernement de l’Espagne.

Le royaume vandale d’Afrique devait avoir une existence