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empires de l’ouest : perse

Les Sassanides avaient deux capitales : Istakhr, la ville sainte et Séleucie, la ville commerciale. Cette dernière cité se trouvait en territoire jadis chaldéen et à présent de plus en plus arabisant. Mais il s’y maintenait des communautés chrétiennes nombreuses et des groupes hellènes riches et actifs. Lorsque Constantin eût reçu le baptême, la méfiance à l’endroit du christianisme grandit soudainement en Perse. Il advint en effet que les communautés chrétiennes et aussi les groupes hellènes dirigèrent leur vœux et leurs espoirs du côté de Byzance. Or Byzance était aux yeux des Perses l’héritière de haines et de rivalités séculaires. En tout chrétien les souverains sassanides furent portés à voir un émissaire de Byzance. Cette hantise s’exaspéra encore davantage lorsque, peu après, l’Arménie fut à son tour devenue chrétienne. Les Perses n’eurent de cesse que leur ancienne autorité sur ce pays fut rétablie. Ils y parvinrent en 429 mais durent laisser aux Arméniens une autonomie complète et se contenter d’un inoffensif protectorat ; ils durent surtout renoncer à toute tentative d’« iranisation » de l’Arménie.

Cette tension contenait bien des germes de guerre vers l’occident mais elle cessa tout à coup du fait qu’en 484 le concile des évêques chrétiens de Perse adhéra à l’hérésie nestorienne. Nestorius distinguait deux personnes séparées en Jésus-Christ, sa personne humaine n’étant qu’une sorte d’élément médiateur entre la divinité et l’humanité ce qui revenait à refuser à la Vierge le droit d’être honorée en qualité de mère de Dieu. L’orient se passionnait en ce temps là pour ce genre de considérations ; clercs et laïques en discutaient avec une égale frénésie. Le nestorianisme prit en Perse une telle importance qu’il tint presque le rôle de seconde religion d’État. Et naturellement toute crainte cessa de voir le christianisme servir les intérêts politiques de Byzance où l’hérésie nestorienne était honnie. Lorsqu’en 489 l’empereur Zénon ferma l’école importante que les nestoriens avaient fondée à Édesse, ceux-ci se transportèrent en Perse où ils furent fort bien accueillis. Ils créèrent à Nisibe un nouveau centre d’études destiné à remplacer celui d’Édesse et, par la suite, un autre encore à Séleucie. De ces écoles sortirent nombre de prélats renommés pour leurs travaux philosophiques ou linguistiques. Par cette source fut alimenté le grand mouvement d’expansion qui porta le christianisme nestorien jusqu’en Kachgarie, en Chine et dans l’Inde. À un moment cette confession ne compta pas moins de cent sièges épiscopaux répartis à travers l’Asie et dont le métropolite résidait en Perse. En Syrie et en Asie mineure, c’était alors