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empires de l’ouest : perse

chassa de Syrie les Égyptiens qui y avaient pénétré. Il s’empara de Jérusalem et annexa la Judée (586). Mais tout cela n’était point solide. Il n’y eut là qu’une sorte de reflet de la puissance assyrienne adoucie et humanisée. Le chaldéisme était épuisé ; sa sève ne pouvait plus produire. Il laissait un héritage artistique qui, fécondé par le génie persan, embellirait la route des nations — un bagage scientifique propre à fournir une base au progrès industriel futur — des traditions religieuses et politiques enfin dont il n’aurait fallu rien retenir car elles étaient imprégnées d’un stérile et formidable égoïsme mais dont, hélas ! on ne saurait prétendre qu’elles n’aient pas exercé sur les générations suivantes une néfaste influence.


Perse

Les vainqueurs de l’Assyrie apparaissent en parfait contraste avec elle. C’étaient, avons-nous dit, des Aryas de l’Iran séparés, depuis un certain nombre de siècles déjà, des Aryas de l’Inde. L’Iran a reçu de la nature une configuration singulière. On peut le comparer à un immense fer à cheval appuyé à la mer Caspienne qui l’entaille, ouvert sur la mer d’Oman et dont le bord extérieur est formé par de hautes montagnes — les monts Zagros, l’Elbourz, les monts du Khorassan et de l’Afghanistan — tandis que la courbure délimite une région centrale désertique et inhabitable. Le fer à cheval proprement dit correspondrait aux terres fertiles : vallées paisibles et bien arrosées, cimes boisées, plaines abritées sur lesquelles s’épandent une atmosphère calme et pure, un air sain et vivifiant. À quelle époque les Aryas occupèrent-ils ce pourtour privilégié, nous ne le savons pas exactement. Qu’ils soient descendus par la Bactriane ou le Caucase, la descente assurément se fit lentement, par étapes successives d’autant que l’Iran était habité avant leur venue. Quand au ixe siècle av. J.-C., les soldats d’Assournazirabal franchirent les monts Zagros alors pleins de lions, de tigres, de léopards et dont ils incendièrent les magnifiques forêts, ils semblent avoir trouvé devant eux des populations touraniennes. Toutefois les Perses sont mentionnés dans une inscription assyrienne datant de l’an 835 sous le règne du roi Salmanazar lequel les rencontra sans doute en poussant au nord plus loin que n’avait fait son père. Aux siècles suivants, les Mèdes se fixèrent aux confins de l’Assyrie. Les Perses à ce moment devaient être sous la suzeraineté de ces derniers mais ils