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Les détails de la parure ont une exactitude trop parfaite. Mais, chose curieuse, tout cela ne diminue pas la valeur individuelle de l’artiste, son aptitude à comprendre et à interpréter les mouvements — surtout ceux des animaux, des fauves et des chevaux de guerre. Cet art assyrien passera par la suite en Perse ; là, il s’épurera, il s’affinera ; il trouvera la liberté de ses ailes et cessera d’être l’esclave d’une pensée barbare.

Ninive a dû, autour d’elle, semer des haines bien plus vivaces et profondes que l’histoire ne nous le dit. Les autres peuples de proie dont elle conte les aventures ne furent pas isolés à ce point. Ils eurent des alliés, des amis à côté de leurs nombreux ennemis. Chez les Assyriens rien de semblable. Tout ce qui n’est pas assyrien est ennemi, ennemi exécrable et exécré. Pas un autour d’eux qui n’ait subi à son tour le joug de leur férocité, de cette volupté particulière qu’ils éprouvaient à tuer après avoir torturé. De là, les coalitions toujours renaissantes dont nous trouvons les traces… Il y a aussi dans les annales ninivites, des somnolences qu’on dirait provoquées par la détente physique de la bête repue de carnage. C’est probablement au cours d’une pareille période que Ninive fut abattue. Sa défaite fut l’œuvre de cette tribu des Aryas de l’Iran qu’on appelait les Mèdes et que nous pouvons en somme identifier avec les Perses, les considérant comme deux rameaux issus du même tronc.

Les Mèdes qui occupaient la région située au nord de l’Élam avec Ecbatane pour capitale avaient été parmi les victimes les plus éprouvées de l’empire assyrien ; ils en avaient supporté la pesée d’une façon continue grâce au proche voisinage. Ils prirent la tête des révoltés. Leur roi Cyaxare (635-584) après avoir une première fois assiégé Ninive en 633 réussit à s’en emparer en 608 aidé par les Babyloniens. La ville fut complètement détruite ; les chefs et les fonctionnaires assyriens furent massacrés et les vainqueurs se partagèrent le territoire.

Babylone retrouva alors une prospérité magnifique mais éphémère. Nabopolassar et surtout son successeur, le fameux Nabuchodonosor (606-561) élevèrent de somptueux monuments. Avec son enceinte double de celle de Paris et les cent portes de bronze qui y donnaient accès, avec ses rues à angle droit comme celles d’une ville américaine, avec ses palais, ses temples de cent mètres de haut, ses célèbres « jardins suspendus », Babylone semble avoir surpassé en ce temps tout ce qu’on avait encore vu. Nabuchodonosor entreprit aussi des expéditions au dehors. Il