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Ces données entre lesquelles les rapports proportionnels ne varient guère, sont à prendre en considération par quiconque veut se faire une idée du fourmillement humain de l’Hindoustan. De même faut-il se rappeler la physionomie si diverse de chaque région : Bengale, Oudh, Penjab, Sind, Rajputana, Guyarat, Dekkan chacune avec ses particularités climatériques, ethniques, historiques chacune composant un milieu distinct et offrant, semble-t-il, des perspectives divergentes. Mais qu’on ne s’y fie pas. Là serait l’erreur d’optique ; là serait l’illusion fâcheuse. Derrière tant de variétés se tient une unité profonde. Que ceux qui ne l’aperçoivent pas s’efforcent à la deviner et, s’ils n’y parviennent pas, qu’ils ne cessent point d’y croire ; unité aussi résistante qu’elle est subtile et dont l’histoire a préparé le triomphe.


Ceylan

La nature a fait de Ceylan un jardin merveilleux ; ses annales qui ont commencé de dérouler leurs péripéties l’an 240 av. J.-C. et se sont pratiquement déterminées en 1314 en ont fait un musée : annales toutes religieuses mais qui ne furent pas exemptes pour cela de périls et de violences. Occupée par les Tamouls, un des peuples du Dekkan, Ceylan fut convertie au bouddhisme par Asoka qui confia à ses propres enfants le soin de son évangélisation. Les monastères aussitôt s’édifièrent en grand nombre. Çakya Mouni avait marqué de son vivant sa prédilection pour les beaux ombrages, les paysages de choix, les fleurs… C’est dans des parcs attrayants, au bord de l’eau, que s’étaient groupés ses premiers disciples pour méditer et s’entretenir. Ceylan n’était-il pas pour le bouddhisme un lieu prédestiné ? La religion dès lors y régna sans conteste. Les souverains de l’île ne furent grands qu’en raison de leur piété, de la protection accordée par eux aux moines et du zèle dépensé à entretenir les missions. Ceylan devint un grand centre d’expansion fervente, principalement vers l’est ; la sainteté des sanctuaires y attira d’autre part de nombreux pèlerins. Lorsque les bouddhistes se virent persécutés dans l’Inde soit par le brahmanisme soit plus tard par l’islamisme, ils y cherchèrent un refuge et un abri. Çà et là des hérésies surgirent qui divisèrent les moines et déchaînèrent de violentes controverses mais en général la paix régnait aidée peut-être par la torpeur tropicale. À partir de l’an 1000 les choses changèrent. Les