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« paladin » ; terme qui n’a pas de sens précis et sous lequel il est convenu de dissimuler trop souvent la violence et l’ignorance. Mahmoud d’ailleurs ne semble pas avoir pensé à devenir souverain de l’Inde ni même avoir cherché, bien qu’il fut dévôt, à opérer beaucoup de conversions. Son fils Masoud (1030-1040) suivit les mêmes errements avec moins de brio et une tendance marquée à délaisser Ghazna pour Lahore. L’État musulman des Ghaznévides périclita assez rapidement sous les successeurs de Mahmoud. C’est à Mohammed de Ghor (1186-1206) qu’il était réservé de fonder dans l’Inde, avec Delhi pour capitale, un véritable empire islamique qui devait durer jusqu’à l’irruption de Tamerlan (1398), se scinder ensuite en cinq royaumes distincts puis être relevé en 1526 par Baber sur des bases plus résistantes et plus prestigieuses.

Mohammed de Ghor était un afghan « turquifié ». Afghan aussi, Alaeddin (1295-1315) qui repoussa brillamment en 1297 et 1305 deux invasions mongoles descendues par le Penjab et un peu plus tard, exécutant un raid à travers tout le Dekkan, s’en vint camper jusqu’en face de Ceylan. Mais dans cet empire inorganique, l’ordre de succession n’était jamais régulièrement établi. Le trône fut maintes fois occupé par des aventuriers, des « mamelouks » anciens esclaves dont tout ce qu’on peut dire est qu’ils furent de grands bâtisseurs et élevèrent quelques beaux monuments. Certains se piquèrent même de protéger les lettres en sorte que cette période ne fut pas tout à fait perdue pour la pensée. Brutaux dans leur façon militariste de gouverner, ils persécutèrent peu, sauf Mohammed Tuglak (1325-1351) dont la tyrannie fastueuse et fantasque provoqua des troubles et affaiblit le pouvoir central à la veille du jour où son impuissance à défendre le pays contre les violences de Tamerlan devait achever de le discréditer aux yeux des indigènes.

Tamerlan passa en ouragan selon sa manière, détruisit et tua. Après sa victoire de Panipat, il se fit couronner empereur à Delhi puis quitta l’Inde et n’y revint pas. Tout se morcela. Des royaumes indépendants se fondèrent ici et là qui se firent la guerre les uns aux autres mais sans que l’hégémonie musulmane en parut d’abord ébranlée. L’Inde allait-elle donc devenir terre d’islam ? Il n’en devait pas être ainsi mais le clair et simple monothéisme musulman procurait comme une sorte d’apaisement forcé aux esprits surexcités par la complication des effervescences religieuses. Ce fut l’apport de l’islam comme l’idée de la grâce fut l’apport des missionnaires chrétiens. La religion hindoue en tira