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l’enseignement de Çakia Mouni, du moins à l’esprit de sa doctrine et l’Église du nord, plus compliquée, pénétrée de merveilleux, par là plus accessible à la mentalité de la foule.

iv

L’expédition d’Alexandre avait eu, en ce qui concerne l’Inde, une seconde conséquence d’une importance presque égale, à savoir la formation aux confins de l’Hindoustan d’un foyer de civilisation hellénique dont l’influence resta compacte et directement agissante jusqu’aux approches de l’ère chrétienne et se prolongea ensuite de façon indirecte et comme diluée.

Toute la conduite d’Alexandre en Perse et en Bactriane prouve que, sans rien savoir des Aryas et de la commune origine des races en présence desquelles il se trouvait et de la sienne propre (connaissance que seule la science moderne a pu acquérir et répandre), il a eu le sentiment très net d’une similitude de tempérament et d’intellect et d’une coopération — peut-être d’une fusion — possible entre ces races supérieures. Il ne s’est épris ni des Sémites, ni (quoi qu’on en ait dit) des Égyptiens. Mais il s’est épris des Iraniens qui, en ce temps, ne peuplaient pas seulement l’Iran mais la Bactriane et la Sogdiane c’est-à-dire l’Afghanistan-nord et le Bokara actuels. Dans ces régions, Alexandre créa des colonies helléniques : vingt-cinq mille hommes furent répartis en douze postes militaires et des familles entières transplantées par leur volonté spontanée ou par persuasion, vinrent s’y fixer. C’est ainsi que furent fondées les villes qui se nomment aujourd’hui Herat, Kandahar, Caboul, Merv, Samarcande, Khodjend, villes dont les sites étaient si admirablement choisis que leur possession assurait la domination de toute la contrée adjacente. Bactres (aujourd’hui Balkh) fut le centre de ces établissements. En étudiant l’histoire de la Perse nous verrons comment ils s’émancipèrent et, sous des souverains qui s’appelèrent Diodote, Euthydème, Demetrios, Aniketos, Eucraditas formèrent un royaume grec dont les destins se développèrent de l’an 250 à l’an 129 av. J.-C. Cette année là, les Tokhares (que les Chinois appellent Yuetchi, peuple assez mystérieux dont les traces originaires se retrouvent au Turkestan) s’emparèrent de la Bactriane et détrônèrent le dernier roi grec, Hélioclès. Mais entre temps, Demetrios et Eucratidas avaient occupé le Penjab et l’avaient annexé à leurs États. Jusqu’alors l’action politique de ces États s’était surtout exercée vers l’ouest. Ils faisaient partie