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empires du sud : inde

à exalter et à déséquilibrer en même temps le tempérament de l’homme ; et c’est ce qui est constamment advenu. Le Dekkan a été dès lors le refuge et, si l’on ose ainsi dire, le conservatoire des énergies hindoues.

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Le premier des sept grands faits qui jalonnent l’histoire de l’Inde, c’est l’arrivée des Aryas. Les populations primitives de l’Hindoustan, Todas, Negrites, Kolariens étaient rudes et sans culture, vivant de chasse et de pêche et se laissant dominer par les sortilèges de leurs sorciers. Puis vinrent ceux qu’on a appelé les Dravidiens. Polygames, de peau très foncée, groupés par métiers et adonnés à d’étranges religions telles que le culte des organes sexuels, les Dravidiens semblent avoir occupé tout l’Hindoustan. Des Mongols descendant le cours du Brahmapoutra fondèrent vers le même temps quelques colonies au Bengale. Enfin parurent les Aryas. À leur sujet philologues et phrénologues se disputent congrument. Il s’agit d’accorder les conclusions tirées de la conformation comparée des crânes avec les résultats obtenus par l’étude des racines des mots. À ces controverses le simple bon sens n’a pas toujours été convié et, par contre, on y a vu parfois intervenir des préoccupations ethniques inspirées par des intérêts politiques ou religieux. Ce qui reste acquis toutefois de façon définitive depuis les travaux admirables d’Anquetil-Duperron (1771), de la Société asiatique fondée à Calcutta en 1784 et des savants européens du début du xixe siècle tels que William Jones, Schlegel et Burnouf, c’est d’abord l’étroite parenté du sanscrit — la langue sacrée des Hindous — avec l’ancien persan, le grec, le latin, les langues celtiques, germaniques et lithuano-slaves ; et c’est, d’autre part, l’évidence des migrations qui détachèrent les peuples parlant ces langues d’un tronc commun, d’un peuple-ancêtre auquel ils se relient historiquement à la différence des Sémites pour la race blanche et des Touraniens (Mongols et Turcs) pour la race jaune qui accusent des origines linguistiques différentes. Ce peuple-ancêtre, ce seraient les Aryas. Quel fut le point de départ des migrations qui le dispersèrent et quelles en furent les dates approximatives ? Il y a sur ces points divergence entre les savants. Pour ce qui concerne notamment les Aryas de l’Iran et ceux de l’Inde dont la vie commune paraît s’être prolongée davantage, on hésite entre la Bactriane