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« gardiens des rites ancestraux ». On était déjà en route vers le shogunat.

Cependant un fait capital se produisit. Au moment où l’empereur Keïtaï achevait d’unifier le pays (520), le bouddhisme s’y introduisit. Or le boudhisme, c’étaient l’influence et la civilisation chinoises. Un chinois du sud, bouddhiste dévôt, s’installa au Japon où sa fille allait être la première religieuse de ce culte. De leur côté les rois de Corée qui semblent avoir été de persévérants prosélytes s’employaient à convertir leurs voisins. L’un d’eux envoya en 552 à l’empereur Kimmei une ambassade chargée de lui offrir une statue de Bouddha. Ce présent fut reçu avec faveur. Les Soga se montraient favorables à la religion nouvelle et l’encourageaient ce dont, bien entendu, leurs adversaires se firent une arme contre eux. Une épidémie et une famine étant survenues, le peuple fut aisé à persuader qu’il en fallait rendre responsables les dieux étrangers. La guerre civile éclata ; elle se termina à l’avantage du premier ministre dont la mère était l’impératrice Suiko. L’empereur ayant été assassiné, Suiko continua de régner avec les conseils du sage prince Wumayado auteur d’une sorte de constitution dont les dix sept articles à en croire un écrivain japonais, « émerveillèrent Chinois et Coréens ». Cette constitution en tous cas visait à créer un empire administrativement centralisé à la chinoise ; il semble que lorsque, par un coup de force, l’empereur Tenji eût en 645 mis fin à la domination des Soga, ni lui ni son frère et successeur Temmu (673-686) n’aient eu la moindre velléité d’en prendre occasion pour déterminer une réaction nationaliste. Bientôt d’ailleurs une autre famille princière eût installé son despotisme à l’ombre du trône. C’étaient les Fujiwara. Ceux-là devaient tenir longtemps. La tentative de l’empereur Shomu (724-748) pour restaurer l’indépendance du souverain échoua ; il dut abdiquer. Sa femme, sa fille qui lui succéda avaient beau, dit la chronique « être douées d’un courage viril », elles ne purent résister. C’étaient d’ailleurs des bouddhistes passionnées. Sans doute eut-il fallu pour aboutir unir les deux batailles et grouper tous les mécontents sous un même drapeau à la fois anti-chinois et anti-shogunal (car le shogunat ne s’appelait point encore ainsi mais par le caractère de la fonction et les privilèges qui y étaient attachés, il existait déjà). Dans le peuple régnait certainement une réelle méfiance à l’égard du « continentalisme » chinois et, comme à différentes reprises les communications se trouvèrent coupées avec la Chine