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empires de l’est : japon

Malais. Ne faut-il pas chercher dans le croisement de ces deux races les caractéristiques du tempérament japonais ? Une précédente race existait dans le pays, les Aïnos que Djenwo repoussa vers le nord Sur quoi, ce prologue joué, le rideau retomba pour cinq siècles. À en croire le proverbe, les Japonais furent alors très heureux puisqu’ils n’eurent pas d’histoire, du moins pas d’histoire assez accidentée pour se graver dans la mémoire des hommes. Ils vécurent, semble-t-il, en extase devant les ravissants paysages que leurs yeux contemplaient. Ce sont ces paysages qui, divinisés, formèrent le fond de la religion nationale, le shintoïsme, lequel n’est en réalité que le culte de la terre natale : « La terre est la mère dont toutes les créatures ont reçu l’être et la vie, dit un des chants liturgiques shintoïstes. Toutes mêlent leurs voix à l’hymne universel. Grands arbres et petites herbes, pierres, sable, le sol que nous foulons, les vents, les flots ont une âme divine. Le murmure des brises dans les bois au printemps, le bourdonnement de l’insecte dans les herbes humides de l’automne, autant de strophes du chant de la terre. Soupirs de la brise, fracas du torrent, autant d’hymnes de vie dont tous doivent se réjouir. »

Keiko qui régna de 71 à 130 ap. J.-C. doubla l’étendue du domaine ancestral en l’agrandissant vers le sud et vers le nord. Les Aïnos sans cesse refoulés dans cette dernière direction finirent par se trouver cantonnés dans l’île de Yeso ; elle n’a rien de commun avec les aspects et le climat du Japon et forme une région à part. Au sud, les Malais maintenaient leur indépendance. Au début du iiie siècle, des princes malais régnèrent sur le Japon et c’est à leur dynastie qu’appartint Zingo (201-269) la première de ces impératrices entreprenantes dont l’originalité émaille les annales asiatiques. Zingo voulut tenter la conquête de la Corée avec laquelle des relations commerciales s’étaient nouées vers l’an 116 av. J.-C. seulement. La souveraine avait près d’elle comme conseiller et premier ministre, le fondateur de la puissante famille des Soga qui allait dès lors tenir dans l’État un rang prépondérant. Ainsi se trouvaient déjà posées les bases caractéristiques de ce qui serait durant des siècles la politique japonaise : d’une part, les prétentions sur la Corée et, de l’autre, le gouvernement national confié à des familles privilégiées pourvues de charges héréditaires. Entre ces familles des rivalités violentes allaient se produire. Les Soga investis des relations extérieures avaient pour eux les Otomo, amiraux héréditaires et, contre eux, les Mononobe, commandants militaires et les Nakotomi