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cultive, qui laboure » (mais d’autres attribuent à ce dernier mot un autre sens, celui de : noble, excellent, supérieur).

Parmi les Touraniens on peut se risquer à dire que ceux de l’est sont des Mongols et ceux de l’ouest, des Turcs. Mais n’oublions pas qu’il s’agit de nomades dont les déplacements passés furent incessants ; il est donc arrivé aux Mongols de pénétrer jusqu’en Europe et aux Turcs d’agir en Chine. Quant aux appellations particulières, nous n’avons point à en tenir compte. Elles n’ont de valeur que par rapport au degré d’adaptation des peuplades qui les portent. Et ces facultés d’adaptation dépendent, on le conçoit, de la façon plus ou moins favorable dont elles ont pu se développer, du climat, des conditions d’existence, des contacts éducatifs ou progressifs, etc…

Les Tobas qui installés dans le nord de la Chine y dominèrent pendant plus de deux siècles (environ 386 à 617) furent parmi les plus réceptifs. Leurs souverains s’identifièrent si bien avec la civilisation chinoise qu’ils s’en montrèrent les ardents défenseurs et ne cessèrent d’employer leurs armes pour la maintenir ou l’étendre. Lorsque l’un d’eux, en 444, s’avisa de persécuter le bouddhisme auquel ses prédécesseurs avaient témoigné la plus grande faveur, c’est encore l’intérêt chinois qui l’inspirait vis-à-vis d’une religion qu’il estimait affaiblissante alors que les périls de l’époque requéraient la culture de la volonté et l’entretien des énergies. Ce ne fut du reste qu’une saute de vent passagère. Le bouddhisme triompha de nouveau et Loyang en 516 s’enrichit des fameuses grottes peuplées de dix mille images bouddhiques en haut et bas relief. En 589 les héritiers des Tobas s’emparèrent de Nankin ; finalement l’unité se trouva rétablie sous leur sceptre. L’empereur Yang Ti (605-617) pouvait croire sa dynastie fortement établie mais une expédition malheureuse en Corée, expédition dans laquelle il s’obstina, provoqua un mouvement à l’ouest ; il n’y put faire face et ne s’en tira que grâce au génie d’un jeune prince chinois ; cet événement désigna l’empereur à la vindicte publique et du héros de l’aventure fit un candidat à sa succession. Ainsi s’établit la dynastie des Tang (618-907) sous lesquels la Chine devait atteindre l’apogée de sa fortune.

Plusieurs éléments y contribuèrent. Et d’abord le prestige initial jeté sur le trône par l’empereur Taï Tsong (627-650), une des plus grandes figures de l’histoire chinoise, aussi habile