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sont longtemps tourmentés par le regret de la grande vie libre et chevauchante à travers les espaces aux horizons illimités.

Quelque chose, toutefois, a survécu : quelque chose d’essentiel dans l’histoire de l’Asie : le mouvement. L’Asie, avons nous dit, est divisée en compartiments isolés les uns des autres. La vie sociale y serait restée stagnante, la pensée s’y serait consumée sur place sans les courants déterminés par ces épopées barbares, bienfaisantes en cela malgré leurs sanguinaires violences. Derrière elles se dessinèrent les routes pacifiques des caravanes commerciales et, grâce à elles, des rapports intermittents mais féconds s’établirent non seulement entre l’occident et l’orient mais entre les différentes parties de l’Asie elle-même.

Voici donc ce qu’on peut appeler le « mécanisme asiatique ». La géographie en a donné la formule et réglé le fonctionnement. Le retenir dans l’esprit fournit la clef de toute compréhension en ce qui concerne les peuples de l’Asie. Il faut toujours s’y référer avant de chercher à pénétrer la mentalité de ces peuples, à interpréter leurs religions, leur art, leur philosophie.

Descendons maintenant vers ces pays si longtemps et obstinément convoités par les barbares du centre et qui furent souvent victimes de leurs propres richesses et prospérité : empires de l’est (Chine et Thibet, Annam, Corée, Japon) ; empires du sud (Hindoustan, Birmanie, Siam, Cambodge, Afghanistan) ; empires de l’ouest (Chaldée, Perse, Arménie, Géorgie).