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avant-propos

permettent de classer toutes les phases décisives, tous les faits essentiels de l’histoire et cela de manière à en accentuer le caractère instructif.

On critiquera encore autre chose. À partir du xvime siècle, l’usage constant est de parcourir les routes de l’histoire européenne à une allure soudainement ralentie comme si l’on pénétrait en une région différente du pays précédemment traversé et à l’étude de laquelle il fallut consacrer un effort plus approfondi et plus détaillé. Il y a là une erreur de vision entretenue par des habitudes d’esprit auxquelles il n’y a pas lieu de continuer à se plier. Et d’abord si les quatre derniers siècles renferment des périodes de « progrès accéléré », principalement en ce qui concerne la technique scientifique et ses applications pratiques, ils en présentent d’autres dont la stérile agitation n’a abouti qu’à des régressions morales ou politiques. Le développement normal de l’humanité s’en est trouvé entravé ou dévié, Un tel phénomène n’a rien d’extraordinaire. Il s’en faut que l’évolution d’une race, d’une nation, d’un peuple se traduise en étages successifs semblables à ceux d’un monument, l’œuvre de chaque génération étant représentée par un de ces étages. Au cours de la période la plus proche de la nôtre, on a vu bien des bâtisses éphémères recouvrir de leurs plâtres les constructions préparées par le labeur des générations précédentes.

Mais à part de ces considérations, il y a le principe supérieur dont l’étude de l’histoire universelle réclame l’application constante : c’est que le respect des proportions véritables de temps et d’espace ne soit jamais sacrifié à des considérations régionales ou intéressées. L’histoire universelle — c’est ainsi du moins que l’auteur la conçoit et par là il entend définir à la fois son but et sa méthode — l’histoire universelle doit être la science des « ensembles survolés ».