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avant-propos

disparus. Ce n’est pas exact car ces quelques mille ans, en regard des somnolences antérieures, furent une période de perfectionnement matériel intensif pendant laquelle, si le progrès par imitation était réalisable, il paraîtrait impossible qu’on n’en aperçût point de trace. D’ailleurs lors même que l’homme parviendrait à obtenir du singe par exemple, quelques mots ou quelques signes de conscience, resterait à savoir comment lui-même aurait pu jadis franchir cette même étape sans le secours d’un « précepteur ». Ainsi à côté de l’immobilité de l’animal enchaîné à l’étage inférieur semble devoir s’affirmer la valeur de l’homme créé pour l’étage supérieur[1] ; jusqu’à plus ample informé les facultés ici et là semblent irréductibles par rapport les unes aux autres.

Un fait acquis, c’est la présence de l’homme sur la terre en un temps lointain où les eaux, le sol, les climats différaient fondamentalement de ce qu’ils sont aujourd’hui. Cette présence était-elle quasi universelle ? Les grandes îles, les continents étaient-ils déjà peuplés ? Rien ne semble désigner une portion quelconque de la planète comme ayant été le « berceau du genre humain », berceau d’où peu à peu il aurait débordé sur toute l’étendue des terres, de proche en proche. Il est vraisemblable que les choses se sont ainsi passées mais il n’en reste point de vestige. Par contre les vestiges subsistent des cataclysmes qui seraient survenus en ces temps ; ils concordent avec la tradition du déluge qui n’est pas seulement une tradition chaldéo-judaïque mais se retrouve en Chine, aux Indes et en Amérique.

Y eut-il dès le principe plusieurs races distinctes ou bien les distinctions provinrent-elles de la seule évolution ? Les partisans de la première solution ou polygénistes disputent à ce sujet avec les monogénistes qui tiennent pour la seconde. Historiquement le polygénisme demeure un point de départ au delà duquel rien de distinct ne se profile. Si l’on classe les races d’après leur couleur, les jaunes, les blancs, les noirs apparaissent à l’horizon ; si l’on se règle sur le langage, un certain nombre d’idiomes primitifs ne paraissent présenter aucun trait commun permettant jusqu’ici de les rattacher les uns aux autres. Enfin la classification établie d’après la conformation crânienne se résout en deux grandes divisions : la brachycéphalie et la dolichocé-

  1. La découverte dans des cavernes préhistoriques de peintures murales et de sculptures d’une valeur artistique surprenante n’est point pour infirmer cette thèse.