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Le rôle de la beauté dans la vie grecque a été fort exagéré. Pour un peu, on voudrait nous persuader que le dernier des Athéniens possédait une sorte de sens Ruskinien, c’est-à–dire d’habileté spontanée à draper une étoffe ou à disposer un objet avec élégance. Ce n’est guère croyable. À travers l’honnête effort de Ruskin se révèle quelque chose d’apprêté, d’artificiel, qui ne répond en rien à ce que nous savons de la Grèce antique. Mais il est certain pourtant que le sens de la beauté en général y était beaucoup plus développé qu’il ne l’est nulle part de nos jours. Un accord plus ou moins parfait mais indiscutable existait entre le paysage et l’architecture, entre l’architecture et l’homme. Là était le véritable secret de la beauté grecque ; aujourd’hui l’incohérence la plus parfaite règne entre ces trois éléments ; l’artiste ne conçoit presque jamais son œuvre en raison du site au centre duquel elle doit se trouver placée et quant à l’individu qui fréquente l’édifice une fois élevé, l’idée ne lui viendrait même pas que ses mouvements puis-