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l’occasion il sache la flatter, lui rendre la main ou la tenir habilement en haleine ; qu’enfin, lorsqu’un effort exceptionnel s’impose, il n’hésite pas à se servir de la cravache et de l’éperon. Quel beau manuel de morale écrirait un écuyer consommé s’il remplaçait seulement, dans la série de ses préceptes, les termes de cheval et de cavalier par ceux de corps et d’âme. Et ne voyons-nous pas tous les jours les accidents que causent, aussi bien sur les pistes immatérielles de la vie qu’à travers les champs et les halliers véritables, la poltronnerie des uns et la brutalité des autres ? Combien ont été emballés et jetés bas ou sont restés démontés pour n’avoir pas su doser à propos leurs exigences de cavaliers, pour avoir laissé leur bête s’émanciper ou pour n’avoir pas su la ménager à temps… Il se trouvera peut-être une fois un professeur de philosophie amateur d’équitation qui voudra traiter ce beau sujet en manière de discours de distribution de prix. Qu’on nous excuse de lui en avoir signalé ici l’intérêt.