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ment du jeu. Dans une revue française, il y a quelques semaines, un publiciste bien connu, M. Pierre Mille, analysait en ces termes l’état d’esprit de ses jeunes compatriotes : « Ils considèrent assez fréquemment une guerre possible comme une partie qu’il faut jouer le mieux qu’on peut après s’y être entraîné scientifiquement. On tient le coup, on garde son sang-froid et son haleine jusqu’à la fin. Et si on gagne, on a gagné ; si on perd, on a perdu ; ça n’est pas déshonorant. Le jeu est le jeu, voilà tout. » Cet état d’esprit, croyons-nous, est assez général dans le monde aujourd’hui. S’il ne modifie pas la guerre en elle-même, il modifie singulièrement ses conséquences. Combien une telle façon d’envisager la bataille facilite les réconciliations ultérieures, les ententes apaisantes, les relations quotidiennes qui se renouent forcément, après un conflit, entre vainqueurs et vaincus ! Ajoutons qu’elle est assez joliment chevaleresque et, par conséquent, loin d’abaisser ceux en qui se manifeste ce sentiment, les ennoblit et les grandit.