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l’opinion locale comme un encouragement à la rébellion. Qu’un mandarin annamite ou un noble malgache remportent le prix dans un concours, la puissance de la France à Hué et à Tananarive s’en trouverait-elle donc ébranlée ?

L’Inde a répondu. Tous ceux qui la connaissent savent que de tels incidents, bien loin d’avoir l’effet redouté par des Français ou des Allemands, y légitiment absolument la politique suivie par les Anglais. Une équipe indigène de polo qui gagne un match ne saurait s’imaginer avoir atteint de façon appréciable le prestige et la force impériales, mais le joug qu’elle subit et qui, même accepté loyalement, ne saurait pourtant l’être sans quelque arrière-pensée et quelque froissement, ce joug lui apparaît alors beaucoup plus tolérable et plus léger. L’indigène est fier doublement : de son succès personnel d’abord, de la confiance qu’on lui témoigne ensuite. C’est subtil, direz-vous, et c’est tout de même imprudent. En théorie peut-être, non en pratique, puisque l’exemple britannique est là.