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emporté, ou s’être jeté au travers d’une onde impétueuse, a marqué plus sûrement sa valeur que le duelliste le plus intrépide. Mais il serait certainement dommage que le sport préparatoire à ces combats s’effaçât avec eux. Il mérite de vivre non pas pour sa perfection technique, pas davantage pour son esthétisme, mais parce qu’il constitue pour les Allemands une tradition dont le caractère symbolique est intéressant et respectable.

L’histoire de la rapière en effet s’inscrit dans ses gestes. Deux chevaliers bardés de fer sont face à face. Pour se mieux braver ils ont enlevé leurs casques ; ils sont nu-tête ; l’armure leur couvre tout le corps ; ils tiennent en mains leurs lourdes épées. Que vont-ils faire ?… Ils vont faire exactement la même chose que les étudiants allemands d’aujourd’hui, c’est-à-dire s’attaquer à la tête, et cette escrime d’apparence déraisonnable est celle qui s’imposerait en pareil cas. Seulement, au lieu de porter une armure, les jeunes gens sont rembourrés de crin au bras et au cou, et