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D’Australie, du Cap, de la Jamaïque, de Hong Kong, des Indes les annuaires des clubs, les règlements des Unions athlétiques donnaient l’impression d’une véritable marée montante que j’estime aujourd’hui — mon calcul repose, je m’empresse de le dire, sur des données très imparfaites — à environ six millions d’individus en ne comptant que les adultes inscrits comme membres actifs sur les listes de sociétés régulièrement constituées. Je ne fais entrer dans ce calcul ni la Belgique et la Hollande où le sport fait chaque jour d’importantes conquêtes ni les pays où pourraient exister isolément des groupes d’amateurs.

Une presse spéciale s’est fondée pour servir les intérêts du monde athlétique. D’innombrables journaux ont surgi. Les résultats d’une partie de baseball jouée à Chicago ou d’une lutte à l’aviron sur le Paramatta font le tour du monde en un m et s’en viennent prendre place dans ce Times qui, il y a quarante ans, annonçait, bien timidement dans un petit coin, les premières courses à pied entre Oxford et Cambridge. Quand Les nouvelles grands jours de rencontres, les affaires s’arrêtent, les bureaux se vident, il y a Trève comme jadis en Grèce pour applaudir la jeunesse qui passe. Elle passe, messieurs, ayant le mérite de l’effort désintéressé pratiqué pour lui-même de plus que la jeunesse le mérite de ne chercher dans l’effort que l’effort lui-même, de s’imposer des contraintes auxquelles personne ne la pousse, d’alors de se ranger sous une discipline doublement efficace parce qu’elle est librement consentie. Il est très noble et très beau de travailler songer à la guerre, il est louable de penser à l’hygiène, mais il est plus parfaitement humain de rendre à l’effort un culte désintéressé et d’aimer les choses difficiles, parce qu’elles sont difficiles, voilà tout.

Cela, c’est la philosophie du sport en général et de notre Union en particulier.

IV

En 1886, messieurs, la France n’était pas très mal aussi mal partagée sous le rapport des Exercices physiques [mots tracés] que quelques personnes semblent le croire. J’ai Je ne parlerai pas de ce brave colonel Amaros qui [mot tracé] fut certainement un convaincu mais avait composé un recueil de cantiques religieux et moraux que ses pupilles chantaient en piaffant, ce qui fait que l’armée du Salut a bien autant de droit que la gymnastique de voir en lui un ancêtre.