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introduction

les plus impartiaux ont déjà préparé, sur ce point, le jugement de la postérité.

Ici encore la victoire est due à la persévérance, à la patience, à l’esprit de suite abondamment dépensés. Les contemporains toujours pressés ont pu récriminer (et ils ne s’en sont pas fait faute) sur la lenteur à utiliser Bizerte ou à occuper Tombouctou. L’histoire reconnaîtra qu’à force de prudence la Tunisie, le Tonkin, Madagascar, le Congo, le Dahomey sont entrés dans l’empire colonial français sans que la paix européenne ait couru, de ce chef, un risque sérieux ; elle louera dans la conduite de l’affaire du Maroc ou de celle des Nouvelles-Hébrides une possession de soi-même et une abnégation aussi rares que méritoires.

Depuis le jour où Jules Ferry reprenant avec un coup d’œil et un courage admirables l’entreprise de Colbert, donna à l’effort colonisateur l’impulsion décisive, cet effort ne s’est plus ralenti. Il a suivi un cours régulier, lent mais sûr. Son meilleur agent a été le soldat français, tour à tour combattant et pionnier, explorateur, architecte, ingénieur, maître d’école, voire même archéologue. Derrière lui, le personnel civil d’improvisation moins aisée s’est formé peu à peu ; des gouverneurs ont paru dont les noms s’inscrivent à côté de ceux d’un Frontenac ou d’un André Brüe, leurs illustres prédécesseurs.

On a médit de l’administration centrale, de son étroitesse dans la conception et de sa routine dans l’exécution. Il est probable que les critiques ultérieurs, jugeant de haut et de loin, apprécieront au contraire