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thènes ne le fut jamais ; les villes ioniennes d’Asie possédaient une flotte supérieure à celle que la Grèce entière groupa à Salamine. Toutes ces colonies avaient entre elles des rapports constants, mais ignoraient presque la métropole.

Les choses ne tardèrent pas à changer. À partir du ve siècle, les peuplades indigènes d’Italie devinrent d’inquiétantes et gênantes voisines, tandis que plus redoutables encore s’édifiaient successivement en Asie la puissance de Crésus puis celle de Cyrus. Les colonies grecques unies par les liens de la pensée, du commerce et des formules sociales étaient éminemment particularistes politiquement. Elles formaient une pléïade de petits états indépendants comprenant en général une ville, une plage, un port, quelques villages ; tantôt gouvernées par des « tyrans » et tantôt par des collectivités aristocratiques, enrichies trop vite et sans grands efforts, c’étaient pour un ennemi robuste et opiniâtre, des proies faciles. Certaines furent détruites, d’autres asservies ; presque toutes perdirent leur prospérité.

Mais alors Athènes émergea des brumes sous lesquelles se préparait son destin triomphal et, à sa voix, s’opéra par toute la Grèce le réveil des Hellènes opprimés. Sparte touchait au couronnement de son œuvre néfaste. Athènes sauva l’Hellénisme. Elle tendait déjà à domi-