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est pas destinée à être heureuse comme sa mère.

— Heureuse ! reprit Springer avec amertume ; heureuse dans le désert, dans l’exil !

— Oui, dans le désert, dans l’exil, interrompit vivement Phédora, heureuse partout où l’on aime. »

Et ses bras serrèrent son époux contre son sein. Mais bientôt, revenant à la première pensée qui l’occupait, elle dit :

« Je crains que mon Élisabeth n’aime le jeune Smoloff, toute charmante qu’elle est, cependant il ne verra en elle que la fille d’un pauvre exilé ; il la dédaignera, et mon unique enfant, née de mon sang, nourrie de mon lait, mourra comme sa mère avec son amour… »

En parlant ainsi, elle pleurait, et la vue de son époux, qui la console de tout, ne pouvait la consoler du malheur de sa fille. Springer réfléchit un moment, puis il lui répondit : « Phédora, ma bien-aimée, calme tes craintes ; j’ai étudié aussi notre Élisabeth ; peut-être ai-je vu plus avant que