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moi : Dieu, mon père et vous. »

Le jeune homme ému retient son cœur prêt à s’échapper.

« Imprudente, reprend Springer ; tu parles d’aller retrouver ta mère, sais-tu seulement si le retour est possible, et si ta faiblesse résistera à la violence de la tempête, quand M. de Smoloff et moi n’y avons échappé que par miracle ?

— Essayons, répond-elle : j’ai plus de force que tu ne crois ; je suis bien aise que tu t’en assures, et que tu voies toi-même ce que je puis faire pour consoler ma mère. »

En parlant ainsi, ses yeux brillent d’un si grand courage, que Springer voit bien qu’elle n’a point abandonné son projet ; elle s’appuie sur le bras de son père, elle s’appuie aussi sur celui de Smoloff : tous deux la soutiennent, tous deux garantissent sa tête en la couvrant de leurs vastes manteaux. Ah ! c’est bien alors que Smoloff ne peut s’empêcher d’aimer ce tonnerre, ces vents épouvantables qui font chanceler Élisabeth, et l’obligent à se presser contre lui. Il ne craint