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malheurs aujourd’hui, vous venez de me les faire oublier. »

L’obéissante Élisabeth n’osa point le presser davantage, et attendit avec respect l’instant où il voudrait s’expliquer ; mais elle l’attendit vainement : Springer semblait le craindre et le fuir ; il avait deviné son projet, et aucun terme ne pourrait exprimer l’admiration et la reconnaissance de ce tendre père ; il ne se sentait pas le droit de refuser à sa fille le consentement qu’elle allait lui demander ; mais il ne se sentait pas non plus le courage de le donner. Sans doute ce moyen était le seul qui lui laissât quelques espérances de sortir de l’exil, et de replacer Élisabeth au rang qui lui était dû ; mais quand il considérait les fatigues inouïes et les terribles dangers de ce voyage, il n’en pouvait supporter la pensée. Pour rétablir sa famille, et retrouver son pays, il eût donné sa vie ; mais il ne pouvait pas risquer celle de sa fille. Le silence de Springer dictait à Élisabeth