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dossier de la chaise où il était assis. Elle garda le silence un moment, dans l’espoir qu’il lui parlerait peut-être le premier ; mais voyant qu’il ne quittait point son attitude pensive, elle commença ainsi :

« Mon père, permets-moi de t’adresser une question. »

Il releva la tête, et lui fit signe qu’elle le pouvait.

« L’autre jour, quand le jeune Smoloff te demanda si tu ne désirais rien : Rien, lui répondis-tu : est-il vrai, ne désires-tu rien ?

— Rien qu’il puisse me donner.

— Et qui pourrait te donner ce que tu désires ?

— L’équité, la justice !

— Mon père, où peut-on les trouver ?

— Dans le ciel, sans doute ; mais sur la terre, jamais, jamais. »

Ayant parlé ainsi, les noirs soucis qui ombrageaient son front prirent une teinte plus sombre, et il laissa retomber sa tête dans ses mains. Après une courte pause, Élisabeth reprit la parole, et d’une voix plus animée elle dit :

« Mon père, ma mère, écoutez-moi, c’est aujourd’hui que j’accomplis ma dix-septième année ;