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Phédora, à cet aspect, avait laissé tomber son aiguille ; les yeux fixés sur son époux, le cœur plein d’anxiété, elle demandait au ciel de lui inspirer ces paroles qui consolent et qui ont le pouvoir de faire oublier le malheur.

Un peu plus loin, dans l’ombre, Élisabeth les regardait tous deux, et songeait avec joie qu’un jour viendrait, peut-être, où ils ne pleureraient plus. Elle ne doutait point que Smoloff ne consentît à favoriser son entreprise : un secret instinct lui répondait d’avance qu’il en serait touché, et qu’il la protégerait ; mais elle craignait le refus de ses parents, surtout celui de sa mère. Cependant, comment partir sans leur aveu, sans savoir le nom de leur patrie, et pour quelle faute elle allait demander grâce ? Elle sentit qu’il fallait leur ouvrir son cœur, et que le moment était venu. Elle mit un genou en terre pour demander à Dieu de disposer ses parents à l’entendre ; ensuite elle s’approcha doucement de son père, et demeura debout derrière lui, appuyée contre le