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gardait religieusement au fond de son cœur, décidée à ne la révéler que quand elle serait au moment de partir.

Oui, elle voulait partir, elle voulait s’arracher des bras de ses parents, pour aller seule à pied jusqu’à Pétersbourg demander la grâce de son père : tel était le hardi dessein qu’elle avait conçu, telle était la téméraire entreprise dont ne s’effrayait point une jeune fille timide. En vain elle entrevoyait de grands obstacles ; la force de sa volonté, le courage de son cœur et sa confiance en Dieu, la rassuraient, et lui répondaient qu’elle triompherait de tout. Cependant, quand son projet prit un caractère moins vague, et qu’elle cessa d’y réfléchir pour songer à l’exécuter, son ignorance l’effraya un peu : elle ne savait seulement pas la route du village le plus voisin, elle n’était jamais sortie de la forêt : comment trouverait-elle son chemin jusqu’à Pétersbourg ? Comment se ferait-elle entendre en voyageant au milieu de tant de peuples dont la langue lui était inconnue ?