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l’unique occupation de son esprit et de son cœur. Quelquefois, assise sur la pointe d’un rocher, les yeux fixés sur les eaux du lac, elle songeait aux larmes de ses parents et aux moyens de les tarir : ils pleuraient une patrie. Élisabeth ne savait point quelle était cette patrie ; mais puisqu’ils étaient malheureux loin d’elle, ce qui lui importait était bien moins de la connaître que de la leur rendre. Alors elle levait les yeux au ciel pour lui demander du secours, et demeurait abîmée dans une si profonde rêverie, que souvent la neige tombant par flocons, et le vent soufflant avec violence, ne pouvaient l’en arracher. Cependant ses parents l’appelaient-ils, aussitôt elle entendait leur voix, descendait légèrement du sommet des rochers, et venait recevoir les leçons de son père, et aider sa mère aux soins du ménage ; mais auprès d’eux comme en leur absence, en s’occupant d’une lecture comme en tenant l’aiguille, dans le sommeil et dans la veille, une seule et unique pensée la poursuivait toujours ; elle la