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même point, poussant de profonds soupirs que les caresses de sa femme ne calmaient pas, et que la vue de sa fille rendait plus amers. Souvent il la prenait dans ses bras, la pressait étroitement sur son cœur, et puis tout à coup, la rendant à sa mère, il s’écriait : « Emmène, emmène cette enfant, Phédora ; sa détresse, la tienne, me feront mourir : ah ! pourquoi as-tu voulu me suivre ? Si tu m’avais laissé seul ici, si tu ne portais pas la moitié de mes maux, si je te savais tranquille et honorée dans ta patrie, il me semble que je vivrais dans ce désert sans me plaindre. » À ces mots, la tendre Phédora fondait en larmes ; ses regards, ses paroles, ses actions, tout en elle décelait le profond amour qui l’attachait à son époux. Elle n’aurait pu vivre un seul jour loin de lui, ni se trouver malheureuse quand ils étaient toujours ensemble. Dans leur ancienne fortune, peut-être que de grandes dignités, d’illustres et dangereux emplois le tenaient souvent éloigné d’elle ; dans l’exil, ils ne se