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s’occupait en commun des soins du jardin ; Springer labourait les plates-bandes ; Phédora préparait les semences, et Élisabeth les confiait à la terre. Leur petit enclos était entouré d’une palissade d’aunes, de cornouillers blancs, et de bourdaine, espèce d’arbrisseau fort estimé en Sibérie, parce que sa fleur est la seule qui exhale quelque parfum. Au midi, Springer avait pratiqué une espèce de serre, où il cultivait, avec un soin particulier, certaines fleurs inconnues à ce climat ; et quand venait le moment de leur fleuraison, il les pressait contre ses lèvres, il les montrait à sa femme, et en ornait le front de sa fille, en lui disant : « Élisabeth, pare-toi des fleurs de ta patrie, elles te ressemblent ; comme toi elles s’embellissent dans l’exil. Ah ! puisses-tu n’y pas mourir comme elles ! »

Hors ces instants d’une douce émotion, il était toujours silencieux et grave : on le voyait demeurer des heures entières enseveli dans une profonde rêverie, assis sur le même banc, les yeux tournés vers le