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Cette crainte, qui venait se placer entre elle et ses parents, tempéra la félicité qui l’accablait, et lui rendit toutes ses forces. Elle court, elle touche au seuil, elle entend des voix, elle les reconnaît, son cœur se serre, sa tête se perd, elle appelle ses parents : la porte s’ouvre, elle voit son père ; il jette un cri : la mère accourt, Élisabeth tombe dans leurs bras.

« La voilà, s’écrie Smoloff, la voilà qui vous apporte votre grâce ; elle a triomphé de tout, elle a tout obtenu. »

Ces mots n’ajoutent rien au bonheur des exilés, peut-être ne les ont-ils pas entendus ; absorbés dans la vue de leur fille, ils savent seulement qu’elle est revenue, qu’elle est devant leurs yeux, qu’ils l’ont retrouvée, qu’ils la tiennent, qu’ils ne la quitteront plus ; ils ont oublié qu’il existe d’autres biens dans le monde.

Longtemps ils demeurent plongés dans cette extase, ils sont comme éperdus, on les croirait en délire ; ils laissent échapper des mots sans suite, ils ne savent ce qu’ils